Je suis le roi, Le roi des bêtises, Je suis comme ça, Je fais des bêtises, Des petites, Des grosses, Des énormes, C’est pas ma faute, Pas ma faute tous ses dégâts, Pas ma faute à moi, Mais bien vite ma maman les oublie, Surtout lorsque je souris.
Pour voir un cerf dans une forêt, Trouve un marronnier, Et ramasse quelques fruits tombés.
Puis choisis un coin, Un petit coin pour rêver, Un tapis de mousse, Un tapis de feuilles, Un tapis de nuages, Qui t’emmène en voyage.
Choisis un marron pour le corps, Un plus petit pour la tête, Sans oublier de faire les pattes et les bois, Avec quelques allumettes.
Pose le cerf près d’une rivière, Et attends que la magie opère, Regarde-le devenir vivant, Regarde ses bois devenir grands, Mais déjà le voilà qui s’enfuit, Heureux d’avoir trouvé la vie.
Je cours à travers la prairie, Couverte de pissenlits, Je traverse les rivières, En sautant sur les pierres, Les yeux levés, Levés vers le ciel, Pour rattraper mon ballon bleu, Mon ballon bleu qui s’en va au soleil.
Caramels et stylos, Ardoise et yo-yo, Réglisse et ciseaux, Toujours bien rangés, Au fond de mon cartable. Bonjour l’école, L’école qui va commencer, Et vivement la récré !
Tu as vu papa comme maintenant je suis grand, Je sais écrire mon prénom, Et taper dans un ballon.
Tu as vu papa comme maintenant je suis grand, Je sais faire mes lacets, Et j’ai appris à faire la paix.
Mais pourquoi es-tu triste papa ? Pourquoi tu me dis que les grands sont méchants parfois ? Pourquoi tous les grands ne sont pas comme toi ?
Quand j’ai entendu l’alarme de la ville, Je t’ai regardé papa, Et j’ai vu les larmes sur tes cils, J’ai serré mon doudou contre moi.
Et puis j’ai entendu les bombes, Et j’ai entendu les cris, Et j’ai vu les gens tomber, Et j’ai senti un éclat me toucher.
Je me suis souvenu de la cour de mon école, Du joli sourire de ma maîtresse, Et de mon goûter oublié à la récré, Et de mes copains que je ne reverrai jamais.
Et pour la première fois, je te vois pleurer papa, Mon gentil papa qui me sert fort dans ses bras.
Demain je n’ouvrirai plus les yeux, Demain je ne verrai plus le soleil se lever, Demain je n’entendrai plus les oiseaux chanter, À cause d’un grand que personne n’a arrêté.
Abandonné par la mer, Soulevé par les vagues passagères, Balancé sous les reflets nacrés des eaux, Il embrasse une dernière fois les milliers de grains d’or, Dans la chaleur du soleil, Jusqu’à ce qu’une main l’invite, Dans un ultime voyage, À s’endormir sur un tombeau de rêves choisis.